J. Ange & A. Buehrle
25 mars 2012
19 mars 2012
Sur les traces de Pégase
AUJOURD'HUI
Je
Je me
Je me suis
Je me
suis réveillé
Je me
suis réveillé avec
Je me
suis réveillé avec la
Je me
suis réveillé avec la tête
Je me
suis réveillé avec la tête loin
Je me
suis réveillé avec la tête loin du
Je me
suis réveillé avec la tête loin du corps
Je me
suis réveillé avec la tête loin du corps d’elle
Je me
suis réveillé avec la tête loin du corps
Je me
suis réveillé avec la tête loin du
Je me
suis réveillé avec la tête loin
Je me
suis réveillé avec la tête
Je me
suis réveillé avec la
Je me
suis réveillé avec
Je me
suis réveillé
Je me suis
Je me
Je
GRATITUDE
d’après Oliverio Girondo
Merci le
vent
Et la
pluie,
Merci la
neige,
La
douceur,
Le sel.
Merci le
jour,
Les
étoiles
Et la
mer.
Merci
l’enfance
Et les
éclairs.
Merci la
rage
Et le
vin,
Le tabac
Et les
vers,
Les vers
de terre.
Merci
les fruits,
Bisous,
Les
feuilles mortes
Et la
musique.
Merci.
Merci la
mort
Et le
sommeil,
Les
rêves,
La soif.
Merci la
faim,
Le
travail,
Les
fêtes
Et les
nuages
Qui passent et ne
disent rien.
Merci.
Merci la
solitude
Et les
matins,
Les
matins d’hiver.
Merci le
verre
Et le
crayon,
L’amour,
Le feu,
le feu, le feu.
Merci,
Merci
beaucoup
Les
lasagnes
Et
l’oubli,
La
mémoire,
L’eau
douce de l’été.
Merci.
Merci
les oreilles,
Les
yeux,
La
langue et les lèvres et la parole.
Merci
les mains,
Les
pieds,
Le sexe
chaud et mouillé.
Merci
l’inconstance,
La
fugacité,
Le
silence,
Le
désert,
L’absence
d’un Dieu.
Merci
les couleurs,
Les
papillons
Et le
miel.
Merci la
ferveur,
La
folie,
La peau.
Merci la
souffrance,
L’horreur
et la mort.
Merci.
Merci
les mystères,
Les
oiseaux.
Merci
les pierres,
Le vent,
Les
dictionnaires.
Merci.
Merci
beaucoup.
Moi,
l’ombre, je vous salue.
RIMBALDIENNE
J’ai
étendu mes pieds de boue à cristal, les mains d’enfer à paradis, mes yeux
d’univers à univers, les oreilles de silence à silence, – et je danse?
ENVOI
Pour le
verre oublié dans un coin de la salle, le cendrier plein de déchets, coincé
contre l’esprit,
Pour les
chansons niaises de l’enfance, et les feuilles mortes de toutes les saisons,
Pour les
cerises que je ne mange pas, les pas de l’ombre sur le trottoir un certain soir
d’été,
Pour la
flamme du briquet ce soir gelé d’hiver,
Pour les
baleines,
Pour les
pingouins drôles des rêves, et les rêves drôles de tout âge,
Pour mes
nièces,
leur
mystère,
les
ombres du soleil de la nuit du sommeil,
Pour la
poussière d’un corps brûlé,
Pour
l’araignée, ses toiles,
et pour
les étoiles, les ailes tombées, les pierres et les cailloux, les gouttes
de la
pluie
qui
tombent
du toit
un
certain jour de détresse,
Pour les
soirs et ce soir d’il y a trois ans, si clair,
Pour le
retour – toujours – après l’absence,
Pour
vous qui, de temps en temps, pensez à moi,
la
solitude,
les
nuages toujours,
les métamorphoses,
et les
vagues qui partent, qui partent, qui s’en vont de nos regards,sans un
mot
et à
jamais,
Pour les
marins,
le vin,
les
hérissons de mon jardin,
et les
beaux matins de l’hiver,
Pour la
neige, celle que j’ai vue – fenêtre ouverte – une seule fois de ma vie,
les
amants,
les
amants de tous les siècles,
et de
chaque nuit,
et Dylan
Thomas,
et ma
soeur,
et le
Van Gogh d’Artaud,
et le
silence de Rimbaud,
et les
cris,
Pour les
femmes,
Pour les
nègres de toutes races couleurs et origines,
et pour
moi aussi,
Pour
Pina Bausch,
Glauber
Rocha
et pour
Ferré.
Dilamar P. Jahn
10 mars 2012
1 mars 2012
NOUS SURVIVRONS
Dans le premier numéro de notre revue, nous présentons Claudio Willer, barde brésilien qui se veut héritier des surréalistes et d’Allen Ginsberg.
La place manquant pour publier dans notre « petite feuille France » toutes les traductions de poèmes de Claudio Willer dont nous disposions, nous voudrions faire profiter ici de trois pièces supplémentaires : :
NOUS SURVIVRONS
(Traduction : Rafael Lucas)
La place manquant pour publier dans notre « petite feuille France » toutes les traductions de poèmes de Claudio Willer dont nous disposions, nous voudrions faire profiter ici de trois pièces supplémentaires : :
LA PLAGE DANS L’ILE
c’est comme ça que j’aime : personne alentour
juste le matelas de sable doux
étalé entre les dunes
où les efforts pour marcher
transforment les pas en mouvements courbés
vers le chaudron
où se débat le cordage fumant
labyrinthe de convulsions
vide traversé de spasmes
nœud de tentacules d’écume, de courant polaire
et les mains de la glace
qui serrent la gorge et glissent sur le ventre
flammes de mer, crochets enfoncés dans le dos
pour nous traîner au fond
– pénétrer dans cet abîme
c’est naviguer sur le dos de la mort
transformer la conscience
en carrefour de tourbillons –
mais, pourtant
nous ne sommes pas d’ici
nous venons de très loin
pour trouver la dernière plage déserte
sur la côte océanique de l’île
encerclée de murailles de vent et de clarté
où des couvertures d’embruns
s’étalent sur nos corps
doucement adossés
sur la peau dorée du temps
(Traduction : Luciano Loprete)
JE M’APPROCHE
je
traverse un filtre d’embruns
je recueille des ondes la symétrie de ce poème
des nuages se déchirent dans un dernier combat de
couleurs
tandis que la mer
(rivière plus indomptable)
respire pesamment
en me dépassant
avec la lenteur
solennelle des processions de barques
[religieuses
[religieuses
déployant sa couverture de nuit
étouffant dans le fond les feux
allumés aux
clairières où les noyés essayent de
[réchauffer leurs mains
la présence
humaine est murmure et solitude
il ne reste que ces deux cargos
ombres découpées
sur le lointain
deux bateaux – deux
points
voix solitaires
insignifiantes et nulles
plongeant dans le
vide grisâtre
et ce voilier
tache agitée sur
une carte de négations
glissant rapide vers son heure nocturne
l’humain recule une
fois pour toutes
maintenant tout
est distance et vide
mots et paysage se
dissolvent
il ne reste plus
que l’autre
tout ce que l’on
n’est pas
tout ce qui nous
paraît étrange
comme un texte
creux de mémoire
vive
trame obscure des
rendez-vous amoureux
le négatif de notre monde de coordonnées terrestres
avec son sourd
murmure de sources innombrables
(Traduction : Luciano Loprete)
VISITEURS
4
notre espace
est
l’espace du terrible
le marécage
balayé
par des vents tièdes
traversant le
chant des roseaux
et la nuit
définitive et
le cri pétrifié
pénétrons lentement
dans ce jardin de
refus
où le mot cherche l’espace
où le mot cherche l’espace
il n’y a plus grand signe de vie
sur la face de
cette planète
peut-être y a-t-il
un lieu
où l’on entend
encore le souffle du vent dans
[les arbres
[les arbres
des voix
lointaines emplissant les vallées
des aboiements sur
un versant perdu de
[montagne
[montagne
devenons plante
racine
ou minerai brut
pour qu’il nous
soit possible d’entretenir
[des conversations
[des conversations
(Traduction : Rafael Lucas)
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