22 juin 2012

Yeux ouverts, fermés devant le gouffre

Deux nouveaux poèmes de Claudio Willer :

De CINÉMA

I
    POUR CARLOS REICHENBACH, APRÈS AVOIR VU UN DE SES FILMS

    Enseigner/apprendre à regarder
    c'est ne pas avoir peur des symboles
    voir le monde avec des yeux de cinéaste
    voir le cinéma avec des yeux de poète
    savoir que la force des opérations magiques
                                            réside dans leur répétition
    et que le haut est en fait le bas et le mal extrême le bien
    savoir qu'il a toujours été là - juste ça - un fil sur le gouffre
    et le traverser c'est la même chose

                                            que parcourir la ville
                                                                         au hasard

    et que le plein est le vide
    parce que dans le cinéma aussi
    il y a des sorciers
    enceints d'images
    explosant en métaphores et en visions
    faisant parler le langage
                                            à travers les couleurs
    montrant comment trouver
              les pistes des chemins parmi les souterrains


       POÉSIE PICTURALE, VISUELLE : SYMBOLOGIE DE L'EAU
 
Quand la plage où vous êtes est ressentie comme réelle uniquement parce que cela vous rappelle clairement les odeurs, la clarté et les bruits d’une autre plage où vous avez déjà été il y a longtemps
quand rien ne reste plus sauf l’impression que vivre est inutile et que mourir est quelque chose de complètement idiot.
filtrée par une sensation de sublime, d’avoir les pieds sur la terre
ou peut-être
quand je suis rentré chez moi, très tôt le matin, j’ai eu l’impression que s’ouvrait devant moi un gouffre, passage vers un autre plan où se rencontrent les rues Pernambuco, Rio de Janeiro et le square Villaboim, et ceci m’a fait réaliser que jusqu’à ce jour je n’ai rien fait d’autre que suivre les pas de ma propre mort,
quand la vie n’est rien d’autre qu’un prétexte :
alors, sélectionner pour publication ce qui est le plus étrange, anguleux, géométrique mais sans être d’équerre, et qui peut être récité sur un ton tout à fait innocent, presque surpris, simulant quelqu’un faisant semblant de croire à ce qu’il dit.

(Traduction : Madeleine Favre)

14 mai 2012

Cavalcade de printemps


Accouchement difficile pour ce numéro. Certes, on comprend pourquoi quand on voit la tête qui sort !

— Est-ce que c'est un garçon ou une fille ? Quel suspens !

— Hum… Comment vous dire ? C’est un cheval ! Ne vous évanouissez pas encore ! Poussez ! Poussez !

Nous poussons, nous poussons, le deuxième numéro du Cheval boiteux est enfin prêt à clabauder vers l’imprimerie ! Ce n'est pas facile pour nous, nous ne sommes pas des professionnels de l’édition, nous apprenons sur le tas, mais petit à petit, ça rentre quand même.

— Que dites-vous ? C’est pousser qu’il faut !

— Pardon !

Et le troisième numéro est déjà en route !

— Ces artistes ! Concentrez-vous ! 

Voici donc le sommaire (du deuxième numéro !) :

  2 : Marseille, quartiers nord – L’araignée.
  3 : Panneau indicateur.
  4 : Article hyperbolique.
  7 : Dictionnaire des chiens écrasés (et des autres).
  8 : Le Philosophe sur le grabat.
  9 : Siegfried Meister – Le Sens de l’Histoire.
10 : L’Atelier de l’écriture – Le Cimetière hanté.
11 : Les Feuilles vivantes – L’Exposition modèle.
13 : L’Humanité telle qu’en elle-même à Lausanne.
14 : Le Génitron.
15 : Marseille, quartiers nord – Dévolution de pouvoir.
16 : Au bord du précipice.

J. Ange